Paradis Horrifique.

Flairer, courir, tuer. Il te faut trouver la proie avant qu'elle ne s'échappe, le rat qui court dans la forêt. Tu entend ses petites pattes tapoter le sol, tu sens son odeur sur le branches, les feuilles. Tu suis la piste. Olfactive et auditive. Depuis combien de temps est-tu dans cet état ? Tu lèves la tête vers la lune dans le ciel. Tu es renard depuis 26 heures. Tu traques depuis plus d'une jourée. Dans moins d'un jour, tu redeviendra chat. Pour l'instant, tu es tout autre, et tu n'as plus peur. La lune projette des reflets d'argent sur ton pelage que tu crois roux sombre, et tu gardes le museau collé au sol, en quête de nourriture.

-Aïe ! Gémit Nuage du Paradis.

Trois chats étaient penchés au dessus d'elle : le guerisseur, et un couple de guerriers. La chatonne plaqua ses pattes entre ses oreilles, se masquant le visage.

-Ma têêête ! J'ai maaal ! Continua-t-elle
-Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, dit le guerisseur, tu étais en plein délire. En fait, tu te comportais comme un renard. Tu as essayé de tuer trois guerriers, et tu es parvenue à en assassiner un. Ce n'est pas beau à voir.

La chatte au pelage coloré exorbita les yeux, n'osant plus rien dire, puis elle remarqua le sang sur son corps, le goût téméraire sur sa langue. Elle eut un haut-le-coeur, mais se retint de cracher le contenu de son estomac. Elle était incapable de parler, prostrée, choquée. Son coeur battait, elle ? Tueuse ? Impossible mais pourtant réel. Elle toussota, avant de se retourner sur le dos.
La chatte entendait le tumulte dehors, beaucoup de membres du Clan chuchotaient devant la tanière. Elle en entendit un hurler, apeller le sang. Son sang.

-Ne les écoute pas, ces idiots de supersticieux, dit la guerrière présente, on sait que tu n'en n'a pas fait exprès, tu n'étais pas normale.

Mais tout le monde n'était pas de cet avis, deux heures plus trard, un grand matou se fraya un chemin à travers la foule grâce à de puissants coups d'épaule. Il regarda Nuage du Paradis d'un oeil haineux, et sans que personne ne put l'empêcher, il se jeta sur elle :

-Démone aux yeux changeants ! Je vais t'étriper !

Les deux guerriers de tout à l'heure essayèrent de le faire partir, mais il leur feula au nez et lança :

-Elle à tué mon frère !

Nuage du Paradis sentit une bouffée de puissance entrer en elle, parcourir ses veines. Cette snensation lui fit hérisser le poil. Elle vit soudain les choses très lumineusement, ses pensées se mélangeaient, un instinct féroce s'installait, endormait celui de l'apprentie.
Tuer, arracher, manger.
Avec un rugissement féroce elle bondit sur le matou, puissance et rage décuplées. Sans réflechir, elle lui déchira le ventre, féroce. Atroce. Sauvage. Le sang qui gicla éclaboussait son nez. Elle aimait ça. Elle ne se maitrisait pas, lorsqu'elle était un renard. Survint un craquement, un bruit sourd. Une douleur sur le crâne, l'odeur excitante du sang, celle morne de la mort. Puis plus rien. Trou noir...


Il pleuvait. Il ventait. Avec une douleur intenable entre les oreilles, du sang sur le pelage, et des regards braqués sur elle Nuage Horrifique s’éveilla.

-Qui es-tu, étrangère ?! Questionna une voix glaciale.

La petite chatte reflèchit. Une tueuse. Meurtrière. Mauvaise. Renarde sanguinaire, voila celle qu'elle était.

- Je suis Paradis Horrifique, Clan du Vent. Où suis-je ?
-Les tiens t'ont abandonnées à nous, ils nous ont expliqué. Bienvenue au Clan des Ténèbres.

Bien sur ... Pourquoi n'y avait-elle pas pensé ? Le Clan des incompris, des massacreurs et des fous.
Elle avait toujours sut qu'elle finirait là.