Petite Vérité

Naissance : Les vibrations s'étaient faites plus douces depuis quelques instant, remplacée par le grondement d'une voix douce. Des paroles qu'elle ne pouvait pas encore comprendre mais qu'elle avalait avec gourmandise comme s'il s'agissait d'oxygène. Cela faisait un petit moment qu'elle écoutait cette voix, qu'elle en cherchait le timbre clair et sûr, doux et rassurant. Une voix qui murmurait des sons qui l'endormaient bien qu'elle ne soit pas encore éveillée. Elle voulait que cette voix n'arréte jamais de lui parler, que ce soit cette voix qui la rassure lorsqu'elle aurait peur ou qu'elle serait triste, que cette voix soit pour elle.
Un petit choc dans son dos attira son attention. Elle donna un petit coup de rein nerveux pour repousser la petite forme qui grandissait à ses côtés. Sa silhouette était floue mais déjà familière. Il partageaient la même voix, les mêmes rêves, le même coeur. Tout était similaire et différent entre eux. Dès la première foix ou il l'avait heurté en se retournant, elle avait sut que leurs destins seraient liés. Après tout ils l'étaient déjà. Ils partageaient le même petit cocon d'eau trouble et tiède et le même désire de vivre.
Elle était bien près de lui, avec la voix pour combler l'ennuis. Elle aurait voulut qu'il en soit toujours ainsi pourtant...
Leur abri se mit à trembler, à les secouer. Il avait déjà été inconfortable de se retourner voilà qu'il commençaient à être écrasés par les murs fins qui les avaient protégés. Elle se serra contre lui, cherchant sa chaleur et son calme, il avait toujours été calme. Mais ce jour là, il avait aussi peur qu'elle. Allaient-ils mourir, ensemble ? La pression se fit plus écrasante, la voix dehors était devenue présente. Elle qui avait été si douce devenait grondante comme la foudre. Elle hurlait, un nom. Le sien ? Non.
Soudain le froid se fit sentir, bientôt suivie par des lames de glaces tombant du ciel. Elle se débattit, sentant la panique la gagner. Il fallait sortir de cette poche qui l'avait abritée, il fallait respirer. A ses côtés, il ne bougeait pas et cela l'effraya plus encore. Comment s'en sortir ? Où était la voix ? Pourquoi ne l'aidait-elle pas ?
Elle sentait ses forces faiblir et une creux gelé se creuser dans son coeur. L'enveloppe ne se brisait pas. Elle se sentit partir, loin.
Un clapotement vint se glisser dans son esprit embrumé, un clapotement d'eau douce. Une eau qui ne venait pas du ciel, une eau qui lui rappelait la voix, lui, l'abri. Peut-être qu'elle devait aller là-bas, peut-être que c'était un nouveau cocon plus grand qui avait apparut juste pour elle et lui, ils pourraient y grandir encore et encore. Il fallait qu'elle voit, qu'elle y aille, qu'elle touche l'eau de son museau, il fallait qu'elle vive.
Elle brandit une patte vers le ciel, tirant ses ongles le plus loin qu'elle le pu. L'enveloppe céda. Etait-ce elle qui avait fait ça ? Ou la silhouette immense et trouble qui se penchait sur elle. Elle avait froid, trop froid.
A ses côtés, il se mit à bouger, à se rouler contre son dos, à la réchauffer de son coeur tiède. A prier pour qu'elle reste avec lui. Ensemble, ils vivraient.

- Petit... Petite Vérité. C'est le nom qu'il voulait lui donner.

La voix ! C'était la voix ! Elle voulut ramper vers elle, mais elle n'en avait pas la force. Elle avait encore besoin de la chaleur de son jumeau, besoin qu'il l'aide à surmonter ce qui allait arriver.

- Qui eut cru qu'il y en aurait deux. C'est un vrai garnement ce petit... Il as tout fait pour ne pas se montrer... Appelle-le Petit Secret... et... veille sur eux.

Le silence retomba, un vent gelée vint mordre le coeur de Petite Vérité. La voix était morte, jamais elle ne la connaitrait. Elle n'avait plus que Petit Secret pour la protéger. Ils seraient seuls. Ensemble.